Cambodge : Vivre de la forêt sans l'abattre

Face à la disparition progressive de la couverture arborée de leur pays en raison de l’abattage des arbres, légal ou non, des Cambodgiens essaient de prendre les choses en main. Mardi 19 mai, un groupe de personnes vivant grâce aux forêts s’est réuni à Phnom Penh pour trouver des idées sur la manière d’améliorer l’économie verte encore balbutiante et d’accroître les chances de préserver l’environnement local.

Le débat était organisé par le NTFP-EP, Programme d’échange sur les produits forestiers autres que le bois de coupe, qui tente d’apporter aux communautés indigènes les moyens de créer des commerces respectueux de l’environnement. Poeuch Ngou, cultivateur de caoutchouc de 31 ans, est venu de la communauté autochtone Kouy du district de Koh Nhek dans la province du Mondolkiri pour assister à cette rencontre. « Je pense que ce plan permettra de protéger la culture de ma communauté. Nous pouvons récolter le caoutchouc dans ces forêts et continuer à vivre heureux grâce à ce que nous donne la forêt, » explique-t-il. Malgré cet élan positif, il doute que ce programme soit en mesure d’arrêter les forces à l’œuvre dans la destruction des zones boisées du pays. « Ce projet nous aidera à protéger les forêts des communautés mais je ne pense pas qu’il ait une quelconque influence sur l’abattage illégal, » ajoute-t-il, avant de poursuivre : « Je ne sais pas si ceci garantit vraiment notre avenir, mais ça reste une meilleure stratégie pour notre culture ». Mardi, M. Ngou a été rejoint par d’autres habitants de la forêt, tous tirant leur subsistance des ressources fournies par la forêt, notamment le miel, le rotin, le bambou et des résines.

Selon Mme Femy Pinto, directrice de la branche asiatique de NTFP-EP, la promotion des petites entreprises et de leurs produits représente la meilleure chance de créer une alternative fiable à l’abattage des arbres pour leur bois. Selon elle, les normes d’exploitation dans les micro-entreprises respectueuses de l’environnement sont désormais bien meilleures. La prochaine difficulté sera de créer des modèles d’exploitation durables, d’améliorer les règles encadrant ces entreprises et de commercialiser les produits avec plus d’efficacité. « Nous parvenons désormais à atteindre les marchés. Cependant, nous manquons encore de soutien, de savoir-faire et de ressources, » reconnaît Mme Pinto.

Pour Ith Vun, autre membre de la communauté Kouy dans le Mondolkiri, son commerce de miel est suffisant pour lui permettre de vivre. Pour le moment. « C’est à nous de retirer des produits à vendre dans la forêt, tout en protégeant ce milieu pour ne pas finir par le perdre, » témoigne-t-il. « Mais si nous ne patrouillons pas régulièrement les sentiers, les pratiques d’abattage illégal détruiront la forêt. »

Traduction : Cindy Presne
Source (Sek Odom et Simon Henderson/The Cambodia Daily) : Program Promotes Living Off Forests Without Felling Trees
Photo : Psyren / Flickr

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